Monday, November 15, 2010
L'Italie
Je connais un refuge où apaiser l’esprit. L’endroit s’appelle Toscane. Sur le haut d’une colline entourée de vigne, j’ai trouvé la maison de Franco. La fille de Franco, Claudia. Sa femme Tina qui vient de la région de Le Crete. Son neveu Simone qui rit tout le temps. Et j’ai trouvé Franco. Mon ami Franco qui dit bonjour avec un verre de vin. Franco qui me parle en Italien et je comprend tout ce qu’il dit. Franco c’est l’Italie, la joie de vivre, le soleil sur les vignes, le vino de la casa. Il me fait l’acolade et parle parle parle de la pluie qui ne vient pas arroser ses vignes comme il voudrait, de bagnoles, de filles, du village voisin, du nouvel enfant de sa Claudia. Mais jamais de lui-même.
Au printemps, sa maison est entourée de lilas en fleurs qui embaûment tout le pays. La maison est si solide qu’on pourrait s’y installer forteresse. Franco me raconte que, pendant la guerre, tutta la familia se cachait dans les cabes à vin, des tunnels creusés dans la terre rouge de Toscane.
Tina a planté dans toutes les jardinières des pensées. Blanches. Jaunes. Rouges comme le vin de Franco que nous buvons sur la terrace ensoleillée. D’ici on peut voir jusqu’à Florence et jusqu’à Rome.
Je ne connais pas endroit où je prend tant plaisir à dessiner. Chaque détour de la route m’invente un nouveau sujet tout en verdure et en grâce. Nous nous y promenons sans trop savoir où nous conduira la journée et la plupart du temps, nous n’arrivons jamais à notre destination. Je m’arrête partout et m’abreuve à la Beauté de l’Italie. Collines. Arbres. Maisons. Femmes. Vieillards heureux à la peau cuirée.
Ici nous découvrons les caves d’un petit monastère où des Franciscains fabriquent des vins délicieux qu’ils mettent en vente sous la gouverne d’une jeune femme belle et brune. Il n’y a rien comme l’esprit monastique !
Écoute, les cloches sonnent l’angelus. Il est midi. Au bord du chemin étroit, les coquelicots font la fête du rouge. Devant, un faisan sort d’un buisson.
Je n’a besoin de rien que d’un crayon, d’un carnet et d’une boîte d’aquarelle. Pour le reste je m’accomode de ce qui vient: un morceau de fromage ou un plat d’osso buco.
Au flanc de la colline, là-bas, un troupeau de moutons broute à l’ombre des cyprès qu’on a plantés à la mémoire des garçons du pays qui sont morts à la guerre. Trop vite. Trop loin. Le chien berger anglais ne dort que d’un oeil.
À Québec, on me dit qu’il neige!
Nous entrons dans une petite trattoria pour le lunch. La jeune Italienne qui fait le service a du Botticelli dans les boucles noires de ses cheveux et dans la tendresse de son rire. La salle à manger est peinte en jaune, comme l’était celle de Monet.
Vers quinze heure, la pluie se met à tomber doucement et nous rentrons chez Franco.